Initiée par une association de prévention du sida, la série « Promenons-nous » se concentre sur les lieux de rencontre gay. Après plusieurs visites menées la nuit avec des membres de l'association et ayant donné lieu à quelques prises de vues, certains espaces ont été identifiés afin de servir de décors pour les photographies ultérieures. Différentes personnes – qui fréquentent les lieux ou bien des modèles – posent ensuite dans des friches, à proximité de parkings, dans les bois, dans un blockhaus ou sur une plage de rochers. Chacun cherche ici la bonne distance : que ce soit le photographe lors des prises de vue, les hommes qui se séduisent ou bien les corps qui se touchent. Entre fiction et réalité, entre plaisir et risque, tout est question d'équilibre dans ces scènes qui associent subtilement imaginaire nocturne, sensualité et hédonisme.
Extrait du texte de Lilian Froger, commandé par Documents d'Artistes Bretagne à l'occasion de la publication du dossier de Vincent Gouriou sur le site ddab.org
Extrait du texte de Lilian Froger, commandé par Documents d'Artistes Bretagne à l'occasion de la publication du dossier de Vincent Gouriou sur le site ddab.org
Extrait du journal "Libération" :
Dans «Promenons-nous», le photographe Vincent Gouriou explore, fictionne et sublime les lieux de drague gays.
«Le parking à proximité du bois est très actif, surtout à la tombée du jour. Les voitures vont et viennent, hésitent, repartent, reviennent. On entend crisser les pneus, on est éblouis par les phares. Pendant ce temps, les chiens placides attendent. Parfois, ce sont des hommes mariés qui prétextent leur promenade pour pouvoir venir sur les lieux de drague.» Au printemps 2017, l'association brestoise LGBT+ Divers genres propose à Vincent Gouriou un projet sur les lieux de rencontres extérieures masculines, dans le cadre d'un programme de prévention sur les risques du VIH. Le photographe, carte blanche assurée, suit quelques maraudes et s'imprègne de l'ambiance. Rapidement, il est confronté à un paradoxe : comment représenter ces hommes qui font tout pour se rendre invisibles ? Il choisit alors de mettre en scène des volontaires pour réaliser un travail plus personnel. «Ce parti pris me permettait également de développer toute la force d'un imaginaire nourri de littérature et de cinéma.» Il y a évidemment la tension érotique de l'Inconnu du lac, d'Alain Guiraudie, dans ce que le film explore d'attirant autant que d'inquiétant. Le bois et l'eau y sont l'écrin sublime de l'aspect primitif du désir. Mais il y a aussi le livre Querelle de Brest, de Jean Genet, intrigue de marins qui tour à tour se battent et s'offrent dans l'univers interlope du port breton. Ce profil adossé à une cabane de pêche, qui attend client ou amant, exalte un peu du personnage de Georges Querelle, pour qui le rapport sexuel est le moyen de s'élever à une noblesse intime. Gouriou sort les lieux de drague d'un obscur refoulé et leur dessine une majesté lumineuse et sauvage.
Portfolio dans le quotidien Libération : https://next.liberation.fr/sexe/2018/05/29/les-inconnus-du-bois_1654751
















































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